Notre parole

 

Articles/ Vaccination & immunisation

 

 

Vaccination, immunisation, par les collaborateurs de Le monde est ailleurs

 

 

 

Photo LMEA: Rougeole, Qc, Canada, Années 1980

 

 

 

VACCINATION

Des injections multiples pour protéger les enfants

2014

 

Par Sandra Caron, infirmière clinicienne, Québec, Canada

Adapté de: "L'infirmière montérégienne" 2005 & de Meanomadis 2006

Mars 2014

 

 

Au Québec, la pratique des infirmières concernant la vaccination est encadrée par le Protocole d'immunisation du Québec (PIQ), qui est un document de référence facilement accessible pour tout professionnel de la santé ayant besoin d’information à ce sujet. L’outil est porteur d’autonomie professionnelle. Alors qu’en France, par exemple, ce sont encore majoritairement les médecins qui assurent le bon suivi vaccinal, au Québec et au Canada, ce sont les infirmières des différents points de santé qui en sont les principales responsables.                              

 

L’outil, produit par le Ministère de la Santé et des services sociaux du Québec, traite de tous les aspects à considérer lorsqu'on administre un produit immunisant chez un enfant aussi bien que chez un adulte. Il traite notamment des principes généraux du système immunitaire jusqu'aux réactions adverses possibles, en passant par le calendrier vaccinal de base recommandé, de manière à bien encadrer cette pratique dans les différents milieux de santé.

 

Il faut s’en servir, le mettre rigoureusement en application. Les enfants, leurs parents y ont droit.

 

Évolution et changements en matière de vaccination

Au cours des 10 dernières années, le calendrier vaccinal de base au Québec a connu beaucoup de changements. Ceci est dû à de nombreux facteurs, notamment au fait que le génie biomédical, en collaboration avec l'industrie pharmaceutique, ne cesse de produire, d'inventer et de peaufiner les vaccins afin d'assurer une protection toujours plus optimale à la population contre les maladies évitables par la vaccination.

 

Ainsi, le vaccin contre le méningocoque de sérogroupe C a été homologué au Canada en 2001 et a été inclus au calendrier de vaccination de base au Québec en 2002 suite à une éclosion de cette maladie en 2001.

 

De plus, le vaccin protégeant contre les infections invasives à  pneumocoque a été homologué au Canada en 2001 et il fait maintenant partie du calendrier recommandé au Québec depuis décembre 2004. Une protection contre 7 sérogroupes de pneumocoque était offerte au début, puis en 2009, la protection s’est étendue à 10 sérogroupes pour finalement couvrir 13 sérogroupes depuis 2011, avec le Prevnar-13.

 

Toujours au chapitre des nouveautés vaccinales, le vaccin contre la varicelle a été homologué au Canada en 1998. Ce vaccin a finalement été inclus au calendrier vaccinal de base québécois en janvier 2006, contrairement aux autres provinces canadiennes et aux États-Unis, où le vaccin était déjà donné gratuitement depuis plus longtemps.

 

Par la suite, c’est le vaccin contre le rotavirus, agent pathogène qui cause une puissante gastro-entérite particulièrement dangereuse chez les nourrissons, qui a été homologué au Canada en 2006, puis introduit dans le programme de base du Québec en 2011.

 

Finalement, les filles et jeunes femmes du Québec peuvent maintenant bénéficier d’une protection contre les virus du papillome humain (VPH) par la vaccination via un programme depuis 2008.

 

Beaucoup de nouveautés, beaucoup de nouvelles injections.

 

Nécessité des injections multiples pour le respect des normes en vaccination

Tous ces nouveaux vaccins, en plus de ceux déjà présents, entraînent de fait un plus grand nombre d'injections à recevoir pour le jeune enfant.

 

Ainsi, à l'âge de 2 et 4 mois, le nourrisson doit recevoir 3 vaccins, dont 2 injections et un vaccin oral, ce qui semble être fait sans trop de difficulté par les vaccinateurs. Tandis qu'à l'âge de 6 mois, il n'y a qu'un vaccin à recevoir, à moins de se retrouver dans la saison de l’influenza  (grippe), soit de novembre à avril. En effet, depuis 2001, les enfants de 6 à 23 mois ont été inclus dans le groupe à risque élevé de complications suite à l'influenza et doivent donc être vaccinés, et ce à chaque année.

 

Puis vient le premier anniversaire de l'enfant, qui est ponctué d'une plus grande quantité de vaccins à recevoir. Ceci est dû entre autres au fait que le système immunitaire de l'enfant acquiert la capacité à produire des anticorps durables à l'âge de 12 mois, et d'une façon moins importante à l'âge de 9 mois. Donc, à l’âge d’un an, l’enfant doit recevoir 3 vaccins qui le protégeront contre le pneumocoque, la rougeole, la rubéole, les oreillons et le méningocoque.

 

Finalement, dans la série vaccinale des nourrissons, la vaccination de 18 mois servira de rappel pour la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la poliomyélite, l’Haemophilus influenzae de type B, la rougeole, la rubéole, les oreillons, et la varicelle, tout cela nécessitant 2 injections.

 

Dans un autre contexte, les injections multiples seront aussi nécessaires chez un enfant présentant un retard vaccinal pour diverses raisons. Par exemple, à la Clinique de santé internationale du CHU Ste-Justine, des enfants adoptés dans divers pays par des parents québécois sont évalués par le médecin et l'infirmière à leur arrivée au Québec. Pratiquement tous ces enfants présentent un retard vaccinal, car certains vaccins donnés ici ne le sont pas dans le pays d'origine. Il se peut aussi que les vaccins donnés dans le pays d'origine soient plus ou moins fiables, on doit donc reprendre la vaccination depuis le début. Dans tous ces cas, un rattrapage vaccinal rapide est nécessaire afin de bien protéger l'enfant. Il n'est donc pas rare qu'un enfant adopté doive recevoir 4 ou même 5 vaccins à la première visite.

 

Plusieurs se demanderont si les parents vont accepter facilement que leur enfant reçoive 4 injections lors de la même visite. L’expérience et de nombreuses études (Melman, Nguyen, Ehrlich, &Schorr 1999; Sabnis, Pomeranz, Lye, &Amateau, 1998; Lieu, et al. 2001) démontrent pourtant que ce sont les vaccinateurs qui sont le moins enclins à cette pratique, qui est pourtant nécessaire pour le bien-être de l’enfant et de la population en général. Si le vaccinateur est convaincu de la faisabilité et de la sûreté de cette pratique, il saura être convaincant pour les parents.

 

Comment en être convaincu? Tout d’abord, le PIQ recommande aux vaccinateurs d’administrer toutes les doses vaccinales auxquelles la personne est admissible à chaque consultation, car cela favorise l’acquisition de la protection contre les maladies évitables le plus vite possible. De plus, le PIQ stipule que l'administration de plusieurs vaccins n’augmentera pas la fréquence, l’intensité ou la gravité des effets secondaires, et leur efficacité n’en sera pas affectée. L’American Academy of Pediatrics va dans le même sens dans ses recommandations. En effet, il stipule que la pratique courante des injections multiples en vaccination augmente les taux d’immunisation significativement dans la population en général. Si on se fie au rapport de l’enquête faite entre octobre 2003 et avril 2004 par la Direction de santé publique de Montréal, seulement 53% des 506 enfants dont le statut vaccinal a été évalué avaient reçu toutes les doses requises conformément au calendrier recommandé de vaccination (Direction de santé publique de Montréal. Prévention en pratique médicale. Juillet 2005).

 

Face à de tels résultats, la Direction de santé publique (2005, p.1) a émis trois règles qui devraient être rigoureusement suivies :

 

1.Administrer les vaccins aux âges recommandés dans le calendrier de vaccination québécois.

2. Préférer les injections multiples au report de la vaccination.

3. Vérifier le carnet de vaccination des enfants et des adultes et les référer au besoin. 

 

Voilà donc une autre institution en matière de vaccination qui recommande la pratique des injections multiples. Alors pourquoi est-ce si difficile pour certains infirmières et infirmiers vaccinateurs de le faire? Pourquoi un enfant de 18 mois a-t-il déjà été hospitalisé pour une méningite à pneumocoque, qui aurait possiblement pu être évitée si l'infirmière vaccinatrice n'avait pas reporté une dose de Prevnar en raison d'une réticence personnelle à administrer plusieurs vaccins en même temps? Ce cas est malheureusement une histoire vraie et cet enfant demeurera partiellement sourd pour le reste de sa vie, en plus d’accuser un retard moteur par rapport aux autres enfants de son âge en raison des séquelles de cette méningite.

 

Les recommandations et les normes de bonne pratique quant aux injections multiples se doivent d’être connues, comprises et appliquées au-delà des opinions et réticences personnelles, afin que des événements semblables soient évités. De la même manière que le bon site d'injection devrait être déterminé selon l'âge de l'enfant et que le vaccin devrait être administré par la bonne voie et à l'âge recommandé, les normes quant aux injections multiples se doivent d'être respectées. N’importe quel infirmière ou infirmier vaccinateur réagirait avec surprise s’il voyait qu’un enfant a reçu un RRO par voie intramusculaire à l’âge de 4 mois. Alors, il est important qu'il porte un jugement tout aussi éclairé lorsqu'il voit qu'un enfant n'a pas reçu les trois ou quatre vaccins qu'il devait recevoir à l'âge de 12 mois.

 

Dès lors, il appartient à chaque infirmière et infirmier d'agir pour sensibiliser ses collègues aux normes actuelles de bonne pratique et à la nécessité de passer outre la peur de "piquer" un enfant plus d'une ou deux fois. 

 

Une recommandation qui vaut le "coût"

Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’administrer 4 vaccins n’est pas beaucoup plus long qu’en donner deux. Bien sûr, il faut donner les explications aux parents pour deux vaccins de plus. Mais à bien y penser, lorsqu’il y a report d’une dose de vaccin pour des motifs non valables scientifiquement, le parent doit prendre un autre rendez-vous qui monopolisera encore une infirmière pour 30 ou 40 minutes en CLSC. Cela contribuera à surcharger les listes d'attentes pour un rendez-vous vaccinal et le parent devra possiblement s’absenter encore une fois de son travail pour se rendre à un rendez-vous supplémentaire, etc. Où est l’économie de temps face à toutes ces conséquences fâcheuses? Par contre, lorsque les injections multiples sont pratiquées, en plus de permettre une meilleure gestion du temps professionnel et de limiter les déplacements des parents, l'enfant ne vivra qu'une seule expérience de douleur au lieu de 2 ou 3 expériences consécutives. De plus, les effets secondaires bénins associés aux vaccins seront eux aussi concentrés en un seul épisode sans toutefois en augmenter l'intensité ou la gravité: fièvre légère, irritabilité, sensibilité aux sites d'injection. 

 

En raison du calendrier vaccinal de base qui s'est modifié dans les dernières années, les injections multiples en vaccination doivent être une pratique courante chez tous les vaccinateurs. Cette pratique est recommandée par plusieurs instances et elle est bien acceptée par les parents, lorsque ceux-ci sont informés adéquatement des bienfaits qu'en retire leur enfant. Le changement de comportement des infirmières et infirmiers vaccinateurs devra s'opérer afin de se conformer aux nouvelles normes de pratique professionnelle, et ce dans le meilleur intérêt de l’enfant, des parents et de ceux et celles qui en prennent soin!

 

 

SOURCES

 

American Academy of Pediatrics (2003). Red Book 2003. Report of the Committee on Infectious Diseases. Illinois. 26e édition.

Direction de santé publique de Montréal (2005). Prévention en pratique médicale. Montréal. Octobre 2005.

Lieu, T.A., Davis, R.L., Capra, A.M., et al. (2001). Variation in Clinician Recommandations for Multiple Injections During Adoption of Inactivated Polio Vaccine. Pediatrics; 107 (4).

Melman, S.T., Nguyen, T.T., Ehrlich, E., &Schorr, M. (1999). Parental Compliance With Multiple Immunization Injections. Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine; 153 (12).

Ministère de la Santé et des Services sociaux (2013). Protocole d'immunisation du Québec. Québec: Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Sabnis, S.S., Pomeranz, A.J., Lye, P.S., &Amateau, M.M. (1998). Do Missed Opportunities Stay Missed? Pediatrics; 101 (5).

 

 

VACCINATION

Les vaccins et le système immunitaire des enfants

2008

 

Par Dr Philippe Ovetchkine, pédiatre infectiologue

CHU Ste-Justine, Montréal, Québec, Canada

Avec Le monde est ailleurs

 

 

Extrait de www.servicevie.com/Transcontinental

Dernière révision : 3 février 2008

 

 

Les jeunes parents qui n’ont jamais connu les effets dramatiques de la diphtérie, du tétanos, de la poliomyélite et de toutes ces maladies sont actuellement de plus en plus nombreux à considérer que leurs enfants reçoivent trop de vaccins, que les nourrissons sont trop jeunes, que leur système immunitaire est immature pour répondre à ces antigènes vaccinaux et qu’autant de vaccins affaiblissent le système immunitaire des tout-petits.

 

Il y a 100 ans, les nourrissons recevaient un seul vaccin : contre la variole. Il y a 40 ans les enfants recevaient en routine 6 vaccins (diphtérie, coqueluche, tétanos, poliomyélite, variole et BCG). Aujourd’hui, les nourrissons en reçoivent en moyenne 10. Il est admis que l’augmentation de ces vaccins et du nombre d’enfants vaccinés ont permis d’obtenir une diminution spectaculaire de la morbidité et de la mortalité dues à certaines maladies invasives, désormais évitables.

 

Mon enfant est trop jeune pour être vacciné ? 

La réponse judicieuse à cette question de plus en plus posée par les parents repose sur nos connaissances du système immunitaire du nouveau-né et du nourrisson.

 

Le nouveau-né et le jeune nourrisson sont protégés contre certaines maladies infectieuses par la présence des anticorps maternels (IgG) qui ont traversé le placenta avant la naissance. L’allaitement maternel permet de plus, après la naissance, l’apport d’immunoglobulines A.

 

Cependant, ces anticorps acquis « passivement » ne permettent une protection du bébé à la seule condition que la mère ait été immunisée contre ces antigènes, autrement dit qu’elle ait elle-même été vaccinée ou qu’elle ait un jour fait la maladie en question. Également, la durée de vie de ces anticorps est limitée puisqu’ils disparaissent au cours des premiers mois de vie. Par ailleurs, l’allaitement maternel ne dure au mieux que quelques mois. Enfin, et ceci est un argument majeur, il faut rappeler que ces anticorps maternels offrent souvent une protection moindre comparativement aux anticorps acquis « activement », après immunisation. L’un des exemples les plus connus reste celui de la coqueluche, où des anticorps maternels sont présents chez le tout jeune nourrisson mais ne lui offrent aucune protection contre la maladie.

 

La capacité de réponse antigénique débute avant la naissance. Les lymphocytes B et T sont présents dès la 14ème semaine de vie embryonnaire. Le nouveau-né possède dès la naissance les capacités de réponses immunitaires humorales (IgG, IgM, î) mais également cellulaires (réponses T-helper et T-cytotoxiques). En effet, l’existence même de ce système immunitaire présent dès la naissance est une condition nécessaire pour passer d’un environnement quasi stérile, dans lequel il a baigné durant la vie utérine, à un monde très peuplé de bactéries : depuis la filière génitale jusqu’à l’environnement de la salle de naissance. Après quelques heures, son tube digestif jusqu’alors stérile se remplit d’une multitude de composants antigéniques, avec pour exemples Escherischia coli et des streptocoques, des bactéries anaérobies telles que Clostridium et/ou Bacteroïdes.

 

Ce système immunitaire est fonctionnel. Pour témoin, l’efficacité de la vaccination contre l’hépatite B, dès la naissance, chez les dont la mère est porteuse chronique de l’antigène HBS : efficace non seulement en terme de production d’anticorps, mais également cliniquement, en prévenant la cirrhose puis le développement de cancers du foie chez ces enfants.

 

Le nourrisson, quant à lui, possède la même faculté à répondre à ces antigènes administrés simultanément, et plus de 90% des nourrissons ont développé des anticorps contre les différentes valences vaccinales qui ont été administrées entre 2 et 6 mois, leur conférant ainsi une protection.

 

En conclusion, le jeune nourrisson a un système immunitaire lui permettant de répondre efficacement à une stimulation vaccinale.

 

À quel âge faut-il vraiment vacciner ? 

Il faut vacciner tôt pour protéger le plus vite possible contre les microbes les plus dangereux.

 

Les maladies infectieuses pendant la première année de vie sont fréquentes et peuvent être graves. On estime qu’elles sont responsables de 2.5 à 3 millions de décès chaque année dans le monde. Il s’agit essentiellement :

 

D’infections aiguës des voies respiratoires d’origine virale (VRS, Rougeole, autres virus), ou bactérienne (coqueluche, pneumocoque, haemophilus) ;

 

D’infections digestives (gastro-entérites). En Occident, les micro-organismes en cause sont le plus souvent des virus (rotavirus essentiellement : calicivirus, coronavirus), mais des bactéries peuvent être également en cause : salmonelles, shigelles, colibacille ;

 

D’infections invasives à haemophilus (que seule la vaccination a permis de faire reculer), à pneumocoque, à méningocoque.

 

Cette fragilité aux infections du petit nourrisson témoigne du laps de temps nécessaire au développement immunitaire dont la maturation nécessite plusieurs mois.

 

La coqueluche est une maladie grave qui peut être mortelle chez le petit nourrisson, raison pour laquelle il est nécessaire de vacciner dès l’âge de 3 mois. Un retard vaccinal injustifié peut être très préjudiciable puisque c’est justement durant les premiers mois de vie que le nourrisson est le plus fragile vis à vis de ces infections.

 

On rappelle ici que le prématuré doit être vacciné à 2 mois d’âge civil et non en âge corrigé.

 

Les vaccins pentavalents permettent de protéger tôt contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite et les infections invasives à Haemophilus b, en débutant ces vaccinations dès l’âge de 2 mois. De même, un des intérêts principaux du vaccin conjugué anti-pneumococcique est de pouvoir être administré tôt, avant l’âge où surviennent les infections sévères à pneumocoques (méningites, bactériémies, pneumonies bactériémiques).

 

L’âge de la vaccination contre la rougeole (et donc de la rubéole et des oreillons) reste fixé après 12 mois, dans la mesure où les anticorps maternels empêchent une bonne efficacité du vaccin s’il est administré plus tôt. On peut cependant vacciner contre la rougeole dès l’âge de 9 mois, mais dans ce cas il faut faire une deuxième injection 6 mois plus tard sous forme de vaccin triple.

 

En conclusion, il faut vacciner le plus tôt possible et les recommandations actuelles du calendrier vaccinal, qui prennent en compte les différentes caractéristiques épidémiologiques et microbiologiques de chaque micro-organisme, sont à suivre précisément.

 

Les vaccins affaiblissent-ils le système immunitaire ?

C’est à l’âge de 5-6 mois que disparaissent chez le bébé les anticorps protecteurs maternels.  C’est donc à cet âge de 5-6 mois que les nourrissons commencent généralement à développer leurs premières infections, le plus souvent d’origine virale, parfois bactérienne. Mais c’est aussi à cet âge que s’effectue la période de primo-vaccination. Certains parents établissent donc en un lien de causalité entre l’un et l’autre alors que les infections s’expliquent plus aisément la disparition des Ac protecteurs. Ces infections deviennent donc un argument, non pas contre, mais pour une vaccination.

 

Différentes études ont montré que l’incidence des infections n’était pas plus importante chez les enfants vaccinés que chez les enfants non vaccinés. Au contraire, une étude réalisée en Allemagne a démontré (à propos de 496 enfants) que les nourrissons vaccinés dès l’âge de 3 mois développaient moins d’infections que les non vaccinés. De plus, autre argument pour la vaccination au berceau, à cet âge peuvent survenir certaines infections virales qui prédisposent à la survenue d’infections invasives bactériennes. Les exemples les plus connus sont la grippe qui favorise les surinfections méningococciques ou pneumococciques ou bien encore la varicelle qui favorise des infections streptococciques sévères pour ne citer que ces associations.

 

Peut-il y avoir trop de vaccins, le système immunitaire peut-il être saturé ! 

Avec les années, la qualité des produits vaccinaux s’est constamment améliorée. Ainsi, les premiers vaccins établis à partir de produits vivants, plus ou moins atténués, représentaient une « mixture » composée d’une multitude d’antigènes eux-mêmes composés de plusieurs épitopes (environ 200 protéines pour le vaccin variole). De nos jours, les antigènes administrés sont de plus en plus purifiés, en conservant une efficacité analogue (moins de 100 protéines pour les 10 vaccins). De ce fait, il serait plus juste de dire que l’on protège actuellement contre plus de maladies en utilisant moins d’antigènes. Certains auteurs ont démontré qu’avec 107 lymphocytes B circulants, un enfant pouvait répondre à 10.000 vaccins. Ainsi, lors d’une vaccination par 10 antigènes, seulement 0,1% du système immunitaire va être concerné. C’est rien. 

 

SOURCES

 

Otto S, Mahner B, Kadow I, et al. General non-specific morbidity is reduced after vaccination within the third month of life—the Greifswald study. J Infect. 2000; 41:172 –175

 

Ovetchkine, P. Vaccination et immunité, Montréal, Le monde est ailleurs, 2008

 


VACCINATION

Vaccins et croyances : « Un vaccin qui cause l’autisme ? »

2007

 

Par Roxane Therrien, pharmacienne

CHU Ste-Justine, Montréal, Québec, Canada

Avec Le monde est ailleurs

 

Extrait de www.servicevie.com/Transcontinental

Dernière révision : 15 novembre 2007

 

 

Mythe : « Le vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO) cause l’autisme. » Après voir semé quelques inquiétudes, cette affirmation n’a jamais été prouvée. 

 

Des cas inquiétants

Toute la controverse à ce sujet débute en 1998, lorsqu’un médecin britannique, Andrew Wakefield, décrit les cas de 12 enfants souffrant de ce qu’il croit être une nouvelle forme de maladie intestinale associée à des troubles de développement. Il la baptise « entérocolite autistique ». Ce médecin affirme que les symptômes ont fait leur apparition dans le mois suivant l’administration du vaccin RRO et que le vaccin est sans équivoque la cause de la maladie.  Il soutient la théorie douteuse que le vaccin RRO cause une inflammation intestinale permettant l’entrée de substances qui exercent un effet nocif sur le cerveau et entravant son développement normal. Il recommande de cesser la vaccination avec le vaccin combiné et de poursuivre avec les vaccins séparés contre chacune des maladies, ce qui va à l’encontre de sa théorie, sans aucune preuve plus solide. Il échangeait quatre vingt cinq sous pour une piastre.

 

L’inquiétude quant à ce vaccin est aussi alimentée par une augmentation significative des diagnostics d’autisme observée depuis 1990.

 

Conséquences sérieuses d’une nouvelle non fondée

Ces évènements ont créés une grande commotion au Royaume Uni et dans le monde. Le doute s’est installé et plusieurs parents et professionnels de la santé refusent carrément de vacciner les enfants contre la rougeole, la rubéole et les oreillons. Parmi eux : le premier ministre en personne Tony Blair. Résultat : le taux de vaccination avec le vaccin RRO est alors passé au Royaume uni de 94 à 75%. Des cas de rougeole ont aussitôt suivis.

 

Sans la protection vaccinale contre ces trois maladies, à quoi s’expose-t-on ? La rougeole est une maladie très contagieuse qui peut se compliquer en otites, en infections pulmonaires et en encéphalites (1 cas sur 1000) causant des dommages permanents au cerveau. Une personne atteinte sur 300 en décèdera. La rubéole est une maladie relativement bénigne en soi, mais sa plus grave complication est l’infection du fœtus durant la grossesse. Cela peut avoir des conséquences désastreuses  sur l’enfant à naître : des malformations cardiaques, de la surdité, des cataractes et un retard mental. Toute femme en âge d’avoir des enfants doit absolument être protégée contre la rubéole. Les oreillons se manifestent surtout par une infection des glandes salivaires mais peuvent se compliquer en méningite (10 à 30% des cas), en inflammation des testicules ou des ovaires et plus rarement en encéphalite. Avant l’apparition d’un vaccin qui nous en protège, les oreillons étaient la cause la plus fréquente de méningite virale et de stérilité.

 

Aucune preuve n’appuie la théorie du Dr Wakefield et son étude, si on peut la qualifier ainsi, comporte plusieurs irrégularités, méthodologiques notamment. Le célèbre journal The Lancet, qui avait publié la recherche du Dr Wakefield, a même affirmé qu’il n’aurait jamais dû publier l’article en raison d’un conflit d’intérêt de l’auteur qui s’est révélé après la publication de son article. Le Dr Wakefield avait en effet été impliqué dans un recours de parents contre le fabricant du RRO.

 

Depuis ce temps, de nombreuses études chez des centaines de milliers d’enfants ont recherché une relation entre le vaccin RRO et les troubles neurodéveloppementaux, incluant l’autisme, ainsi qu’avec les maladies de l’intestin. Aucune relation de cause à effet n’a jamais été démontrée. Une composante incriminée du vaccin RRO, le thimérosal, a même été retirée du vaccin dans certains pays.  Résultat : aucun changement n’y a été observé dans l’incidence de l’autisme : il y en avait toujours autant chez les enfants qui avaient été exposés au thimérosal que ceux qui en avaient été « épargnés ».

 

 

D’où vient l’augmentation de l’autisme alors ?

Quant à l’augmentation des cas d’autisme dans les dernières décennies, l’explication la plus logique est le fait que l’autisme est mieux diagnostiqué qu’auparavant. Les critères diagnostiques ont changé depuis la dernière décennie et les parents sont plus sensibilisés. Donc, plus d’enfants sont maintenant diagnostiqués autistiques même si le taux de vaccination est le même. De plus, la vaccination avec le RRO a commencé bien avant les années 1990. Au Québec, on vaccine tout le monde avec le RRO depuis 1976!

 

Bref, les complications de la rougeole, de la rubéole et des oreillons ne sont pas un mythe, mais l’association entre le vaccin RRO et l’autisme est réellement de l’ordre de la croyance. À force d’études, les autorités scientifiques du monde ont fini par s’en convaincre sur toute la ligne. Voilà qui est parfaitement rassurant pour les familles. L’affaire est réglée.

 

 

SOURCES

 

Ministère de la Santé et des Services Sociaux. Protocole d'immunisation du Québec.  Édition avril 2004, mise à jour octobre 2007.

Wakefield A,  Murch SH, Anthony A et coll. Ileal-lymphoid-nodular hyperplasia, non-specific colitis, and pervasive developmental disorder in children. Lancet 1998

Fombonne E, Shakrabarti S. No Evidence for A New Variant of Measles-Mumps-Rubella-Induced Autism. Pediatrics 2001;108(4):58.

Halsey NA, Hyman SL and the Conference Writing Panel. Measles-Mumps-Rubella Vaccine and Autistic Spectrum Disorder: Report From the New Challenges in Childhood Immunizations Conference Convened in Oak Brook, Illinois, June 12-13, 2000. Pediatrics 2001;107(5):84.

American academy of pediatrics, Report of the committee on infectious diseases, 2006.

National Vaccine advisory committee, Standards for child and immunization practices, Pediatrics, 2003, 112: 958-963

 

 

 

Archives LMEA: The Gazette, january 11, 1992

 

 

 

Dernière révision: Décembre 2013

Retour