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Articles/ Environnement, milieux de vie, sécurité & toxicologie

 

Environnement, milieux de vie, sécurité & toxicologie, des textes choisis de Le monde est ailleurs.

 


 

Photo LMEA Enfants au bain, Thailande 1995

 

 

ENVIRONNEMENT/ ALLERGIES

Allergies croisées: bouleau/nectarine, herbe à poux/banane...

2014

 

Par Dr Danielle Perreault, médecin de famille

Montréal, Québec, Canada

Avec Le monde est ailleurs

D'après Chassé-croisé d’allergies de www.servicevie.com/Transcontinental

Dernière révision : 3 novembre 2007/ LMEA: 2014

 

Notre collègue Danielle Perrault répondait à une question d'allergies croisées entre ce qu'on mange et ce qu'on respire. Nous avons relu récemment sa réponse et elle nous a beaucoup amusés. On vous la retransmet donc.LMEA

 

Question: Bonjour docteur, je viens d’apprendre que je suis allergique aux nectarines, qui me donnent des picotements sur la langue.  Ça me déçoit beaucoup. Le médecin me parle aussi d’une allergie complémentaire à certains arbres comme le bouleau… Une allergie alimentaire peut-elle nous prédisposer à des allergies à des arbres ? C.T., Québec

 

Réponse: Tout le monde connaît au moins un allergique : au foin, aux chats, aux arachides, aux acariens, etc. Des allergiques aux nectarines comme vous, on en parle moins, et pourtant… ça court les rues, ces petites allergies aux fruits... et aux arbres ! Phénomène observé de plus en plus depuis les années 80 : les allergies croisées. Un type d’allergie vous prédisposerait à d’autres types d’allergies.

Vous êtes allergique au pollen de bouleau, par exemple. Dommage.  Mais quand, à cause de votre allergie au pollen de bouleau, vous mangez un fruit dont vous raffolez, la nectarine par exemple, et que vous avez soudainement l’impression de croquer dans un sac d’aspirateur, là c’est carrément embêtant.  C’est ce qui semble vous arriver.

 

Allergies aux nectarines et au bouleau

Et vous avez raison d’être déçu : c’est une erreur de la nature d’être allergique à un fruit  aussi juteux, savoureux et sain que la nectarine. Pour les mêmes raisons, vous réagissez aussi au pollen d’arbres ou de plantes de la même catégorie. Bêtement.

 

Si les yeux vous piquent, si le nez vous grattouille et que vous éternuez au printemps durant la saison de pollinisation du bouleau, vous pourriez donc réagir également aux fruits des arbres de la même famille. Je vous les nomme : la pomme, la pêche, la poire, les prunes (mirabelle, quetsche, pruneau), la nectarine, l’abricot, la cerise et même les fraises, les framboises et les mûres qui font aussi partie de la grande famille des rosacées. Ce sont toujours des protéines qui sont en cause dans les allergies, et ces  fruits en contiennent qui peuvent provoquer des picotements à la gorge. Réactions déplaisantes mais heureusement sans danger et qui surviennent uniquement quand on mange les fruits fraîchement cueillis. Car, bonne nouvelle, ces protéines perdent leur pouvoir malfaisant quand elles sont chauffées. La vengeance est douce au cœur des allergiques : vive les compotes et les confitures !

 

Allergie à l’herbe à poux…et aux bananes !

Le même phénomène s’observe chez les personnes allergiques à l’herbe à poux…  attention aux bananes et au melon ! Entre l’herbe à poux et le melon, il n’y a pourtant pas de grandes ressemblances à l’œil nu.  Si la banane est cuite, vous n’aurez pas de problème.

 

Et devinez quel autre fruit bien sucré et bien juteux s’apparente aux pistaches et aux noix d’acajou ? La mangue ! Elle peut vous faire très mal si vous avez déjà été sensibilisé à ces noix.

 

Allergie aux Kiwi et au caoutchouc

Maintenant, il existe des fruits qui peuvent provoquer des réactions allergiques autrement plus sévères qu’un picotement à la gorge. Ce sont les fruits de la famille des latex : l’avocat, la châtaigne, le kiwi. Quand l’exotique kiwi est arrivé sur nos rivages il y a quelques années, les allergiques se sont vite reconnus ! Pas besoin de vous recommander de ne pas manger le caoutchouc, un autre cousin, qui peut vous étrangler pour d’autres raisons.  

 

La nectarine, cousine du bouleau, l’herbe à poux cousine de la banane, la mangue cousine de la pistache… Les allergies nous apprennent quand même des choses !

 

Vos allergies et Raquel Welch

Pour s’amuser à mieux comprendre le phénomène des allergies croisées, il faut revoir Raquel Welch se faire attaquer par des globules blancs dans « Fantastic Voyage » (« Le voyage fantastique » - USA 1966). C’est un film qui a marqué son époque.

 

Brièvement : pour aller sauver un savant blessé au cerveau dans un attentat, cinq médecins sont miniaturisés et injectés dans ses veines.  Or,  on voit dans ce film que le système immunitaire du corps humain peut parfois se tromper de cible et prendre un sauveur pour un agresseur.  En effet, ce n’était pas Raquel Welch que les défenses du corps devaient éliminer (quels rustres ces globules !) mais bien Donald Pleasance, l’espion ennemi infiltré dans la mission. Avec sa vilaine bouille de traître, c’était pourtant évident, non ? 

 

Ainsi, méprenant la belle Raquel pour le méchant Donald, le corps réagit parfois de manière anormale à des substances qu’il devrait normalement tolérer

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SOURCES

 

Nowak-Wegrzyn, A. Clinical manifestations of oral allergy syndrome, Up-To-Date on line, Mount Sinai School of Medicine, 2007

Bettez MJ, Théroux E., Liste des familles botaniques et biologiques d’aliments, dans : Déjouer les allergies alimentaires, Montréal, Québec Amérique 2002, pp.62-67.

 

 

SÉCURITÉ

Trampolines à la maison: un jeu dangereux

2008

 

Par Nadine Kabwe, pédiatre

Sherbrooke, Québec, Canada

Avec Le monde est ailleurs

Extrait de www.servicevie.com/Transcontinental

Dernière révision : 3 janvier 2008

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Finies les intoxications à la pétoncle, puisque le pétoncle, c’est masculin… Pour la même raison, on ne se casse plus le cou sur une trampoline, puisqu’il faut dire « un » trampoline.  Mais peu importe le genre de l’affaire, l’exercice libérateur est avant tout un jeu dangereux.

 

Pas un seul parent n’a pu échapper au plaisir (parfois interdit) de voir ses enfants sauter sur son lit. Se propulser dans les airs pour dévier la gravité, le temps d’une toute petite seconde,  a toujours procuré une sensation de liberté aux jeunes comme aux adultes. C’est le retour à la terre qui peut parfois s’avérer brutal. 

 

Un jeu, un spectacle, une fascination, un défoulement

Bondir et rebondir, en cherchant chaque fois à s’approcher un peu plus du soleil, comme Icare.  Loin des forêts d’hévéa, historiquement dépourvus de caoutchouc,  même les Inuits ne se privaient pas du plaisir de sauter sur une membrane élastique : avec une peau de morse ou de phoque, ils s’amusent eux aussi à s’envoyer en l’air.

 

Le mot « trampoline » trouve son origine dans l’histoire du cirque : ce sont des trapézistes italiens, les Due Trampoline, qui, après avoir donné des palpitations à la foule avec leurs périlleuses voltiges aériennes, continuaient à l’émerveiller avec les galipettes supplémentaires qu’ils offraient en bonus en rebondissant sur leur filet de protection, à la fin de leurs routines.

 

C’est au début des années 30 que l’Américain George Nissen, professeur d’éducation physique, a eu l’idée de tendre le filet de trapéziste sur un cadre métallique. Avec son associé Larri Griswold, il a produit des trampolines à but pédagogique, fournissant universités et écoles. Durant la seconde guerre mondiale, le trampoline a servi d’outil d’entraînement aux pilotes d’avions de chasse et un peu plus tard aux astronautes américains.

 

En 1964, la première fédération internationale de trampoline est créée ; dans la même année, s’est déroulé le premier championnat du monde de trampoline.

 

Rapidement, la griserie du trampoline n’est plus réservée aux seuls acrobates, pilotes ou astronautes : depuis 1950, l’utilisation récréative du trampoline n’a fait qu’augmenter, atteignant de nos jours 500 000 unités par année aux États-Unis.

 

Des blessures à la hausse

Faut-il que tous les plaisirs soient coupables, et qu’ils s’accompagnent toujours d’un châtiment ? Les blessures liées au trampoline sont à la hauteur du plaisir qu’il procure, et sont à la hausse en pédiatrie.  Selon les données du Système canadien hospitalier d'information et de recherche en prévention des traumatismes (SCHIRPT), le nombre de blessures liées au trampoline récréatif a presque quadruplé entre 1990 et 1998 et 80 % des blessures surviendraient chez les 5 à 14 ans. Des données récentes du SHIRPT de 1990 à 2003 montraient que la moitié des patients se sont blessés sur le trampoline même et 14% lorsque plusieurs partageaient le trampoline.

 

Fractures à la clavicule, aux bras, aux jambes, qui surviennent en retombant sur le cou, en heurtant d’autres sauteurs encore le support métallique du trampoline : des enfants en restent paralysés des quatre membres ; d’autres en meurent. 

 

Les parents sont-ils conscients du danger que courent leurs petits en sautant à tue-tête sur le trampoline ?

 

Il n’existe aucune réglementation sur les trampolines au Canada. Il s’en vend pourtant dans toutes les catégories, dans tous les formats : on a l’embarras du choix pour se casser le cou !  

 

Des recommandations de Santé Canada

À défaut de réglementation, Santé Canada a émis certaines recommandations pour l’utilisation des trampolines récréatifs :

 

Les enfants ne devraient utiliser le trampoline que sous la surveillance d’un adulte.

Il ne devrait jamais y avoir plus d’un seul utilisateur à la fois sur le trampoline.

Empêcher l’utilisation du trampoline pour les enfants de moins de six ans.

Ne pas installer d’échelle pour accéder au trampoline parce que cela permet aux jeunes enfants d’y avoir accès sans supervision.

N’essayez pas de faire des sauts périlleux sur le trampoline parce qu’une chute sur le cou ou la tête pourrait entraîner une paralysie.

Ne sautez jamais sur un trampoline à partir d’un endroit plus élevé

N’utilisez jamais le trampoline comme tremplin pour atteindre d’autres objets. 

 

Même en respectant à la lettre ces recommandations, il y a toujours du danger à sauter sur un trampoline.  Il ne suffit pas seulement d’être vigilant quant au risque de chutes, mais d’avoir également l’entraînement nécessaire pour pratiquer ce sport. Je dis bien ce sport !  En effets, les dangers liés à l’utilisation du trampoline excluent son usage comme un jeu pour enfants. 

 

Des recommandations de la Société Canadienne de pédiatrie

C’est pourquoi la Société Canadienne de pédiatrie (SCP), recommande que les parents n’achètent pas de trampoline pour leur usage à la maison et que les enfants n’utilisent pas les trampolines pour jouer.

 

La SCP recommande également de ne pas inclure les trampolines dans le matériel de jeu et de ne pas intégrer les trampolines aux terrains de jeux extérieurs.

 

Prix de consolation : on peut toujours pratiquer le trampoline sous supervision à l’école, au cégep, au club sportif. Sinon, on se contente d’acheter des billets pour le Cirque du Soleil. « Attention, ti-gars, tu vas tomber si j’suis pas là.  Le plaisir de l’un, c’est de voir l’autre se casser le cou » (Félix Leclerc)

 

Trampolinaaaa !

 

SOURCES

 

Document de principes : L’utilisation des trampolines à la maison et au terrain de jeux : Paediatrics & Child Health 2007;12(6) 507-511.

Santé Canada .Votre santé et vous : Sécurité du trampoline

 

 

TOXICOLOGIE

Produits ménagers toxiques: méthanol, insecticides et boules à mite

2008

 

Par Pierre Gaudreault, pédiatre toxicologue

Montréal, Québec, Canada

Avec Le monde est ailleurs

Extrait de www.servicevie.com/Transcontinental

Dernière révision : 14 janvier 2008

 

L’ingestion de produits ménagers par un enfant est une des raisons de consultation les plus fréquentes aux Centres anti-poisons. Ces intoxications touchent principalement les enfants de 1 à 5 ans et sont habituellement accidentelles.

 

Heureusement la majorité de ces substances sont peu toxiques. Les produits les plus fréquemment ingérés comprennent : les produits d’entretien ménager (détergents, savons à vaisselle, eau de Javel, polis à meuble) les cosmétiques (parfums, déodorants, lotions après rasage) et produits d’hygiène personnel (savons, dentifrice, shampoing), les plantes d’intérieur ou les produits de bricolage (colle, encre, crayons). L’ingestion de ces produits ne causera, en général, que des symptômes digestifs peu sérieux (nausées, vomissements, diarrhée, léger inconfort abdominal). Dans les cas de manifestations toxiques graves (ou dans le doute), il est recommandé de consulter son centre anti-poison. En effet, des centaines de nouveaux produits ménagers sont introduits sur le marché chaque année et peuvent être plus toxiques.  

 

Les produits alcalins

Parmi les produits d’entretien ménager, les agents corrosifs alcalins (déboucheurs de canalisation, nettoyants pour four, produits pour lavage de la vaisselle en machine) et les agents corrosifs acides (agents nettoyants pour les toilettes, le métal ou les piscines) sont les plus toxiques. En effet, ces substances peuvent entraîner des brûlures graves à la peau, aux yeux ou au tube digestif (bouche, œsophage, estomac). Au niveau des yeux, cette brûlure peut mener à la cécité. Une lésion à l’œsophage ou à l’estomac peut causer une perforation de ces organes dans les heures qui suivent l’ingestion, ou une sténose dans les semaines qui suivent la cicatrisation des lésions : la victime peut devenir incapable de s’alimenter. L’ingestion d’eaux de Javel contenant moins de 10% d’hypochlorite de sodium n’enduit pas de brûlure grave en général. 

 

On doit abondamment (pendant environ 20 minutes) rincer avec de l’eau l’œil ou la peau qui a été en contact avec un produit corrosif. Connaissant la réaction de certains bébés à qui on essaie de donner le bain, difficile d’imaginer qu’on puisse le tenir les yeux ouvert sous le robinet, le boyau ou la douche téléphone pendant vingt minutes et pourtant : c’est exactement ce qu’il faut faire. Dans le cas de l’ingestion d’un produit corrosif, la personne doit boire 2 à 3 gorgées d’eau, sauf dans le cas d’ingestion d’acide sulfurique (risque de brûlure augmenté par l’administration d’eau). Lorsque ces mesures ont été complétées, il faut consulter un centre anti-poison ou un médecin.

 

L’ingestion de corps étrangers comme les piles électriques peut entraîner une obstruction ou une perforation du tube digestif. Tout patient qui a ingéré une pile doit passer sans délai une radiographie. La présence d’une pile électrique dans l’œsophage nécessite une extraction immédiate (danger de perforation), alors que l’on pourra attendre son expulsion dans les selles si elle se trouve dans l’estomac ou l’intestin au moment de la prise de la radiographie.

 

La naphtalène, autrefois utilisée comme antimite, a été remplacée par le paradichlorobenzène. Ce dernier est beaucoup moins toxique et n’occasionne habituellement que des troubles digestifs légers (ex. nausées, vomissements, parfois diarrhées). Les désodorisants en bloc utilisés dans les salles de bain sont aussi principalement constitués de paradichlorobenzène. Les produits désinfectants (contenant une substance capable de détruire des agents infectieux) pour nettoyer les surfaces sont aussi peu toxiques.

 

Le garage de Pandore : la pièce de tous les dangers

Le garage est une autre source abondante d’agents toxiques potentiels pour le jeune «explorateur» de 1 à 5 ans. Que de substances à découvrir sur les tablettes d‘un garage : pots de peinture, engrais pour le gazon, produits pour la piscine, liquides pour la voiture (antigel, gazoline), pesticides…. 

 

Les hydrocarbures halogénés comme la gazoline ou le naphta (produit pétrolier intermédiaire entre l’essence et le kérosène, utilisé comme carburéacteur ou solvant) sont peu toxiques lorsqu’ils sont ingérés (nausées, vomissements, diarrhées) mais peuvent induire une pneumonie chimique (toux, température, hypoxie (diminution de la quantité d’oxygène contenue dans le sang ) avec l’inhalation d’un seul millilitre de ces substances. Tout patient manifestant des symptômes (ex. toux, difficulté respiratoire, fièvre) après l’inhalation d’un hydrocarbure halogéné doit consulter un médecin.

 

Les substances comme le méthanol contenu dans les antigels ou l’alcool à brûler (liquide pour fondue) et l’éthylène glycol contenu dans les antigels pour radiateur sont très toxiques. L’ingestion de 1,5 ml/kg (15 ml, un cuillère à soupe chez un enfant de 10 kg) d’une solution d’éthylène glycol 95% peut entraîner des manifestations toxiques et même le décès. Une intoxication au méthanol non traitée peut entraîner de la cécité alors qu’une insuffisance rénale est la complication la plus fréquente suite à une intoxication avec de l’éthylène glycol. Toute personne qui a accidentellement ou intentionnellement ingéré du méthanol ou de l’éthylène glycol doit faire l’objet d’une évaluation médicale. En effet, plusieurs heures peuvent s’écouler avant que l’individu ne ressente les premières manifestations toxiques de ces produits. Il est essentiel de débuter les antidotes (éthanol, 4-méthylpyrazole) avant la formation des métabolites toxiques et le développement des manifestations toxiques décrites ci-dessus.

 

Les pesticides sont des produits particulièrement toxiques. La plupart appartiennent à deux grands groupes les organophosphorés (ex. malathion, diazinon, parathion) ou les carbamates (ex. carbaryl, aldicarb). Heureusement leur utilisation à la maison est en décroissance. Une fois absorbés, ces produits vont entraîner des difficultés respiratoires (ex. augmentation des sécrétions dans le poumon), un ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie), et peuvent même entraîner le décès par une paralysie des muscles respiratoires. Une intoxication avec de tels produits nécessite une évaluation médicale.

 

Hors de la portée des enfants

La prévention demeure notre meilleure stratégie pour diminuer la morbidité et la mortalité suite à une intoxication avec un produit ménager chez l’enfant de 1 à 5 ans. On doit maintenir les produits toxiques hors de la portée des enfants dans des lieux verrouillés ou dans des contenants munis d’un bouchon de sécurité. On doit acheter le produit le moins toxique capable d’effectuer la tâche et la quantité la plus petite possible. De plus, il est primordial de surveiller attentivement les enfants si l’on doit utiliser des produits toxiques, en particulier durant certaines périodes particulièrement «à risque» telles que les heures de repas ou lors des déménagements.

 

 

 

ENVIRONNEMENT

Eau potable: boire l’eau du robinet…  ou en acheter ?

2007

 

Par Dominique Forget, ingénieure et journaliste scientifique

Montréal, Québec, Canada

Avec Le monde est ailleurs

 

Extrait de www.servicevie.com/Transcontinental

Dernière révision : 14 décembre 2007

 

Puis-je me fier à la qualité de l’eau du robinet ? Devrais-je m’équiper d’un purificateur ou acheter de l’eau embouteillée ?

 

Le marché de l’eau en bouteille est devenu si colossal que presque tout le monde, comme vous, se pose cette question, L’eau du robinet n’est plus fiable ?  En 2000, la tragédie de Walkerton, en Ontario, a suscité de vives inquiétudes au sein de la population canadienne. Sept personnes ont perdu la vie et quelques milliers ont été malades parce qu’elles ont bu l’eau du robinet. Quelques jours plus tôt, un violent orage avait transporté, d’une ferme jusqu’à la source d’eau potable de la ville, du fumier contaminé par la bactérie Escherichia coli, plus souvent appelée E. coli. Très commune, cette bactérie n’est généralement pas nocive, mais le fumier en question renfermait des souches pathogènes.

 

Les règlements de l’après Walkerton

Disons-le tout de suite : Walkerton est un cas isolé. La tragédie a tout de même poussé plusieurs gouvernements provinciaux à resserrer leur réglementation. Le Québec a adopté en 2001 le Règlement sur la qualité de l’eau potable, faisant passer de 46 à 77 le nombre de normes que les exploitants d’un système de distribution d’eau potable doivent respecter.

 

Le nouveau règlement touche tout particulièrement les municipalités comme Walkerton,  qui se contentaient autrefois de désinfecter l’eau brute avec du chlore. Ces municipalités ont jusqu’au 28 juin 2008 pour mettre en place un système de traitement plus poussé. Leurs nouveaux équipements permettront d’éliminer plus efficacement les E. coli et les sous-produits de chloration, notamment les trihalométhanes (THM) qui se forment lorsque le chlore réagit avec la matière organique présente dans l’eau : les résidus de feuilles mortes, par exemple. On soupçonne les THM d’être associés à certains types de cancers. En enlevant plus de matière organique dans l’eau brute, on pourra mieux prévenir leur formation.

 

Réglementation du Québec : exemplaire, mais…

La nouvelle réglementation québécoise est considérée comme une référence à l’échelle canadienne. Mais elle n’est pas parfaite. Au Québec, des milliers de personnes s’abreuvent avec de l’eau qui n’est pas du tout traitée. En effet, parce que l’on considère que l’eau brute qu’elles puisent dans l’environnement est d’une qualité suffisante, quelques municipalités sont exemptées du Règlement. Le problème ? Une fois l’exemption accordée, elle n’est pas révocable. Aucun suivi n’est effectué pour assurer que la qualité du cours d’eau ou du lac qui sert de source ne se détériore pas.

 

Autre population vulnérable : les 700 000 personnes (10 % de la population) qui s'abreuvent à des puits privés. La qualité des eaux puisées n’est jamais contrôlée ou très rarement… selon le bon vouloir du propriétaire.

 

Les individus comme vous, peut-être, qui doutent de la qualité de l’eau de leur robinet peuvent toujours se procurer un purificateur domestique. Ces derniers peuvent éliminer plusieurs contaminants, à condition de respecter quelques consignes de base. Les pichets doivent être conservés au frigo. Ceux qui préfèrent les filtres que l’on fixe directement au robinet doivent laisser couler l’eau quelques secondes avant de remplir leur verre, surtout si le robinet n’a pas été ouvert depuis plusieurs heures. Il est aussi primordial de respecter la fréquence de remplacement des filtres qui, avec le temps, accumulent les contaminants. Santé Canada recommande l’utilisation de filtres certifiés par l’organisme indépendant NSF International.

 

L’eau embouteillée : quelle eau ?

Et l’eau embouteillée ? Elle ne constitue pas une panacée. De façon générale, elle est moins réglementée que l’eau municipale. Au Québec, le Règlement sur les eaux embouteillées exige des exploitants qu’ils s’assurent de l’innocuité des eaux qu’ils mettent en bouteille, mais n’impose aucune fréquence d’échantillonnage.

 

Ceux qui croient que l’eau en bouteille est nécessairement de meilleure qualité que l’eau du robinet pourraient avoir des surprises. Après tout, l'eau Dasani® (embouteillée par Coca-Cola) et l’eau Aquafina® (embouteillée par PepsiCo®) sont puisées à même le réseau de distribution d’eau municipale de villes américaines ou ontariennes, puis traitées pour en adapter le goût aux préférences des consommateurs.

 

 

SÉCURITÉ

Les tondeuses sont des ogresses

2003

 

Par Jean-Francois Chicoine, pédiatre

Le monde est ailleurs

 

Abandon, adoption, Autres mondes 2003

Adapté de Locus Movere, Le médecin du Québec, 1999

 

Singer.  Singer papa qui tond le gazon et se faire dévorer par sa tondeuse.  Aux États-Unis, on rapporte annuellement plus de 75 000 blessures plus ou moins graves directement causées par les tondeuses à gazon.  Comme on s'y attendait, les conséquences de ce cannibalisme mécanisé ont tendance à être plus sévères chez les plus jeunes.  Il faut dire qu'à trois ou quatre milles révolutions/minute, les 30 millions de tondeuses qui taillent les green du nouveau monde ont tôt fait de leur broyer bras et jambes quand elles ne se contentent pas de leur trouer le corps avec des pierres ou de la gravelle qu'elles projettent à une force de 10 000 livres au pouce carré.  La force d'une balle, la guerre des gazons.

 

L'American Academy of Pediatrics évalue que le quart de ces traumatismes dévoreurs impliquent de près ou de loin des  enfants de moins de 4 ans en tant que conducteurs, accompagnateurs ou simples observateurs.  Entre les fractures ouvertes, les dislocations des muscles et des tendons, une série à épeurer de meurtrissures aux jambes réalisée dans un grand hôpital de Philadelphie nous oriente sur l'âge moyen de ces victimes : 4 ans et 9 mois.  Dans près de la moitié des cas, les enfants opéraient eux-mêmes la tondeuse.  Ils jouaient à singer les grands, sous leurs applaudissements.

 

Escalader un plant de haricot pour mieux subtiliser la fortune d'un ogre, enfiler des bottes de sept lieues ou se faire la fameuse pantoufle de vair, autant de fantasmes orthopédiques qui illustrent combien l'enfant aime bien se sentir le roi ou la reine aux pouvoirs illimités.   D'où l'utilité du jeu, des jeux de billes, des jeux de cache-cache voire même des jeux destructeurs qui tous lui permettent de fondre ses rêves de grandeur à la réalité du quotidien. 

 

Quand un enfant arrache une jambe à son ours en peluche, il apprend en quelque sorte à adapter son despotisme en culottes courtes aux réalités de ce bas monde sans en subir toutes les conséquences : on peut toujours recoudre la patte de son toutou. 

 

Pour le psy Bettelheim qui s'y connaissait dans le linge sale des petits, «ce que l'enfant apprend de plus important par le jeu c'est que le monde ne cesse pas d'exister quand il perd.  S'il perd une partie, il peut gagner la suivante» ... sauf quand il joue à la tondeuse à gazon.  On ne tond pas le parterre pour assouvir ses besoins;  on tond le gazon parce que c'est lui qui en a besoin.

 

Singer papa, d'accord : il est écrit que l'homme est né pour dominer les pelouses.  Mais attention : les tondeuses sont des ogresses. 

 

Elles sucent les jambes des petits enfants.

 

SOURCES

 

Dormans jp et all :  Major lower extremity lawn     mower injuries in children.   J Pediatr Orthop 1995; 15:78-82.

Committee on accident and poison prevention :  Injury Control for Children and Youth.  American Academy of Pediatrics 1987.

Bettelheim B : Jeu et réalité: un équilibre précaire.  Pour être des parents acceptables.  Collections Réponses/Robert Laffont. 1987.

McIntyre ms :  Handbook on Accident prevention.  American Academy of Pediatrics.  Harper and Row Publishers.  1980.

 

 

 

 

ARCHIVES LMEA  Charbon activé, Hopital Sainte-Justine, Qc, 1965

Collection Albert Royer/ Luc Chicoine

 

 

 

Photo LMEA Algues bleues, Cantons de l'est, Qc, Canada 2010

 

 

 

Photo LMEA La médecine tue, Necker, Paris, France1986

 

 

 

Photo LMEA Seringues oubliées sur la chaussée,, Paris, France 2003

 

 

Dernière révision: Janvier 2014

 

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