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LIVRE : LE BÉBÉ ET L'EAU DU BAIN

COMMENT LA GARDERIE CHANGE LA VIE DE VOS ENFANTS

DE JEAN-FRANCOIS CHICOINE & NATHALIE COLLARD 



Auteurs : Jean-François Chicoine et Nathalie Collard 

Direction de projet : Rémi Baril

Édition : Éditions Québec Amérique


Québec, avril 2006





Parce qu'il nous faut parfois douter de nos choix de parents, mais aussi de nos choix de société. Parce que même si nous aimons nous épanouir au travail, ce n'est pas de gaieté de cœur que nous laissons nos enfants à la garderie le matin, et ce même s'il existe d'excellentes garderies et que les enfants qui les fréquentent se portent très bien, merci. Mais... Parce qu'il y a des « mais ».

 


Beaucoup de parents se sentent frustrés face à un programme, celui des garderies, qui ne semble pas pouvoir s'adapter aux besoins des familles qu'il serait supposé aider. Ce n'est pas la seule aberration du genre. Comment justifier que les éducatrices en garderie soient si mal rémunérées alors qu'elles accomplissent le travail le plus important qui soit, celui d'éduquer nos enfants? Le bébé et l’eau du bain est né à la suite d'une déclaration-choc lancée à la télévision par un médecin qui s'inquiétait à propos du développement des enfants. Il s'est construit grâce aux connaissances et à l'expérience d'un pédiatre, Jean-François Chicoine, grâce aux questions d'une journaliste interloquée, Nathalie Collard, grâce aux réactions de plusieurs parents excédés. Ce livre ne dénonce pas, n'accuse personne. Il réfléchit à voix haute, avec les parents, sur la place accordée aux enfants et à la famille dans notre société.

 

Extrait de l’introduction

On admet généralement qu'il y a des conséquences à la garde non parentale mais, dans la frénésie qui fait actuellement du Québec le village gaulois des meilleurs services de garde en Amérique du Nord, seules les conséquences positives sont mises de l'avant. (...) La garderie n'est pas à honnir, loin de là, mais la garde non parentale a son lot de conséquences négatives que le parent informé est en mesure de soupeser en fonction de l'âge ou de l'individualité de son enfant et du contexte de vie de sa famille.

 

Le sujet de la garde n'échappe pas à son contexte et doit donc être traité avec circonspection. Loin de moi l'idée de donner aux parents des conseils et des instructions qui pourraient les conduire à des solutions incompatibles avec leur vie de famille. Tout ce que je peux faire, en complémentarité avec une femme et mère et journaliste, est d'éclairer avec eux la question et de les inviter à être assez créatifs pour personnellement la résoudre, avec des moyens adaptés à leurs besoins, à leur style de vie et aux compétences et à la personnalité unique de chacun de leurs petits. (...)

 

Il ne s'agit pas ici de condamner les bâtisseurs sociaux pour le tort éventuel qu'ils font à nos jeunes enfants ni de bouder leurs garderies, qui « ont du bon » - voire de l'incontournable pour les enfants à risque et ceux qui avancent en années -, mais simplement de mieux connaître ce que sont les gardes non parentales pour les enfants, ce qu'elles ont comme effets, bons ou mauvais, sur eux comme sur leur famille et ce qu'elles nous disent de neuf sur la parentalité contemporaine. Il en va du bonheur éclairé de nos familles. Il n'y a pas d'autres intentions à l'origine de ce livre.


Extrait du « bébé »

L’empathie, comme plus tard la faculté d’abstraction, s’inscrit donc au cœur du développement de notre cerveau. En forcer l’intrusion est une insulte à l’intelligence en construction. Nos systèmes de gardiennage prématuré ne sont-ils pas à la source d’émotions mal contenues, ingérées ou ingérables? Le fait que l’enfant puisse vivre avant ses deux ans tant d’émotions impossibles à transmettre en gestes et en paroles n’est-il pas inquiétant en termes de résultante de nos étapismes bousculés? Je brise mon jouet, il n’a pas cassé le sien. Je vis mes émotions, il vit les siennes. Avons-nous ainsi avancé dans la découverte l’un de l’autre? Avons-nous développé de l’empathie ou ne nous sommes-nous que confortés sur nous? Sommes-nous prêts pour la grande chevauchée?

 

En donnant à l’enfant une image positive de lui-même, le parent et dans son continuum l’éducatrice équipent l’enfant affectivement pour aller vers l’autre. Sa petite amie, son petit ami de la garderie sont à ce titre des compagnons de fortune qui agissent dans une même organisation, mais comme des opérateurs parallèles. En rendant compétents émotivement et l’une et l’autre, la confiance en soi qui en résulte permet ultérieurement l’éclosion des acquis sociaux tributaires de leurs consciences personnelles.

 

Vers l’âge de deux ans, l’enfant a acquis la notion de propriété. Ceci est à moi, cela est à toi. Il n’est pas encore apte à tout partager, mais ça viendra. À cet âge, le parent encore, ou l’éducatrice en continuité, doit agir comme médiateur. Tranquillement se développera la possibilité d’une négociation avec les autres. Le jeu parallèle fera place au jeu à deux. Ainsi la naissance de l’altruisme se fait possible grâce aux bases solides de la confiance en soi.

 

La vie d’un pédiatre est traversée d’enfants qui meurent. Pour survivre à leur mort et accompagner leurs familles, il faut savoir faire preuve d’empathie, pas de sympathie. La sympathie, c’est pour le salon mortuaire ou le braillage télévisuel à l’occasion d’une chanson ou d’une rétrospective. Trop d’émotions empêchent l’action pour l’autre. Les meilleurs thérapeutes n’ont pas besoin d’avoir souffert pour aller à la rencontre de l’autre. Les pires sont atteints de furor therapeuticus et confondent le désir de soigner les autres avec les soins qu’ils nécessitent pour eux-mêmes. C’est par empathie pour les enfants et leurs familles que j’écris sur les garderies, pas en vertu de l’émotion. La sympathie aurait voulu que je me taise pour épargner la culpabilité des unes et des autres. Quand il s’agit d’aider les enfants, la sympathie des adultes est infantile, leur empathie est responsable.

 

Mettre prématurément les enfants en garderie, c’est créer un monde de Papous sympathiques afin de mieux les exploiter sans honte. Les enfants grégaires sont faciles à manipuler, c’est connu. Vous niez les lois de leur espèce et ils mangent dans votre main. En contrepartie, à trop se mouvoir dans la sympathie, les enfants prématurément socialisés aux couches cannibalisent toute la société. Ils se nourrissent d’émotions, se font masser jusqu’à l’irritation, multiplient les autobiographies et revendiquent partout où ils passent les «j’y ai droit, j’y ai droit». Ils se gavent, épuisent les stocks et nos énergies, se noient dans des rivières de larmes et ne construisent en rien notre civilisation.

 

Extrait de « l’eau»

Dans l’étude La qualité des services de garde, on explique qu’«une meilleure formation des éducateurs favorise des attitudes d’éducation moins autoritaires, un modèle d’interaction plus positif, un meilleur rapprochement avec les enfants et un meilleur développement général de l’enfant (émotif, moteur, relationnel, intellectuel) tout en générant une diminution des troubles de comportement chez les enfants».

 

Dans une autre étude, toutefois, on affirme qu’ «une trop grande formation universitaire peut nuire à certains aspects du développement de l’enfant, entre autres aux aspects entourant la socialisation. En fait, ces intervenants seraient plus axés sur le développement académique aux dépens du développement social.» Comme le font remarquer les auteurs de La qualité des services de garde. Un bilan de la littérature, il serait temps de mener une recherche québécoise sur le sujet.

 

Il y a quelques années, on a introduit le système ISO 9000, une série de normes internationales utilisées par les entreprises qui souhaitent mettre sur pied leur propre système de qualité interne. Les normes ISO fixées par l’Organisation internationale de normalisation ont été adoptées dans plus de 90 pays et ses exigences sont reconnues à travers le monde. Vous me voyez venir... Faudrait-il imposer des normes ISO aux garderies pour s’assurer que la qualité soit impeccable? Imaginez la scène: une garderie recouverte d’une immense banderole blanche sur laquelle serait inscrite la mention: «Garderie ISO 9002»...

 

À moins qu’on demande à l’équipe du magazine L’actualité de dresser un palmarès des garderies du Québec? Cela relèverait peut-être nos exigences.

 

Il n’est pas normal qu’on se contente d’une note de passage quand il est question de nos enfants. Nous avons le droit, et le devoir aussi, d’offrir et d’exiger ce qu’il y a de mieux pour eux, en leur nom. La plupart des enfants de ma génération ont eu l’avantage de passer les premières années de leur vie à la maison, en compagnie de leur mère, dans un environnement sécuritaire et affectueux. La société a changé, nous sommes de plus en plus nombreux à devoir – et vouloir – travailler. Dans ce contexte, il faut toutefois s’assurer que nos enfants n’en paieront pas le prix.

 

Si «l’État c’est nous», alors exigeons de l’État qu’il impose des normes de qualité supérieure aux garderies qui accueillent nos enfants.

 

Demandons-lui de consacrer une part de son budget à l’amélioration des services et à la mise à jour régulière de la formation des éducatrices en garderie. Revendiquons de meilleurs salaires pour ces éducatrices qui élèvent nos enfants et qui méritent tellement plus que ce qu’elles reçoivent actuellement. C’est la seule façon de s’assurer que les meilleures resteront.

 

Il n’y a qu’un seul objectif qui tienne: offrir à nos enfants des services de garde de qualité supérieure. On se doit de refuser tout ce qui se situe au-dessous de ce niveau.

 

Extrait du « bain »

Nathalie : On pourrait dire que ta conception des premières années de la vie d’un enfant est idéalisée. Comment la réconcilier avec la réalité, celle des parents d’aujourd’hui qui doivent travailler pour joindre les deux bouts? Quand ils entendent des propos comme ceux qui sont tenus dans notre livre, ils se sentent coupables. Ils veulent le meilleur pour leur enfant, mais ils doivent aussi être réalistes. Que peux-tu leur dire pour les rassurer?

 

Jean-François : Il faut leur dire de cesser d’avoir peur, de parfaire leurs connaissances sur les enfants, de ne pas hésiter à se faire conseiller par des professionnels, de revendiquer leurs droits à de l’assistance parentale, de chercher des qualités à leurs belles-mères, de réévaluer leurs horaires, leurs charges de travail, le coût-bénéfice de chacune de leurs activités ou dépenses quotidiennes, de se faire confiance, de prendre le temps d’aimer leur progéniture, de veiller à assurer la pérennité de leurs couples, de développer des modèles originaux, de se battre pour du mi-temps professionnel, de forcer la porte des CLSC, de comprendre qu’un enfant a autant besoin de son père que de sa mère, de devenir des informateurs familiaux auprès de leurs employeurs et de regarder leurs enfants droit dans les yeux pour qu’ils s’accrochent les uns aux autres et qu’ils deviennent une seule et même force. La liste précédente peut paraître longue ou irréaliste, elle n’est au contraire qu’une infime parcelle des modèles internationaux, des questionnements et des avenues que tu apportes et que j’apporte dans le présent livre. Ma vision de l’enfance et de la famille est tout sauf idéalisée. Au contraire, elle est issue d’une expertise essentiellement clinique et terriblement biologique. La culture actuelle du monde adulte me semble à moi beaucoup plus prétentieuse et nombriliste que celle que je sers dans les grandeurs et les limites du développement du bébé humain et des connaissances qu’on en a. La prétendue culpabilité des parents entendue sur la place publique, au bureau ou dans les médias ne doit plus être tolérée ni entretenue comme une issue socialement viable. Si un parent se sent coupable, c’est qu’il est stressé, dépossédé et que son bonheur est en danger. Pire encore, car il y a pire, si un parent se sent coupable, c’est que son enfant est possiblement stressé, dépossédé de ses droits et que sa vie entière est en danger. Si un parent se sent coupable, il doit retrouver la force en lui et la confiance nécessaire dans les autres, son réseau, ses répondants, ses soignants pour transformer le sentiment infâme en responsabilisation parentale. Tant que nos sociétés vont entretenir un flou économiquement et politiquement rentable entre culpabilité et responsabilité, les parents ne se retrouveront jamais en paix et en force en famille.



FICHE TECHNIQUE " LE BÉBÉ ET L'EAU DU BAIN "

LE BÉBÉ ET L’EAU DU BAIN : COMMENT LA GARDERIE CHANGE LA VIE DE VOS ENFANTS — Jean-François Chicoine, pédiatre et Nathalie Collard, éditorialiste (Auteurs) — Rémi Baril (Direction de projet)  — Anne-Marie Villeneuve (Éditrice) — Éditions Québec Amérique, Montréal, Québec, Canada (Édition) 2006, ISBN : 978-2-7644-0479-9 (2-7644-0479-4), 513 pages.

 

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Mise à jour : Octobre 2015

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